NOS HABITANTS ONT DU TALENT

JÉRÉMY FERNANDEZ

Demi de mêlée du Castres Olympique, Jérémy Fernandez est un enfant du pays, il a été formé par le Sporting Club Mazamétain et l’Aviron Castrais avant d’intégrer le CO, où il vient de prolonger son contrat jusqu’en 2025.

Pourquoi le rugby ?
C’est avant tout une histoire de famille : mon père, Michel, a joué à Saint-Pons avant d’évoluer à Mazamet qui était alors en Groupe B. Mon frère aîné, Jonathan, est passé par l’Aviron avant de rejoindre l’équipe d’Aussillon. Même ma sœur, Laëtitia, a fait un passage par le rugby avant de partir vers d’autres sports. Avec un tel environnement, je pouvais difficilement y échapper !

Dans un univers où les transferts sont nombreux, vous faites preuve d’une fidélité totale à votre club et à votre région. Pas envie d’aller voir ailleurs ?
Chaque joueur a sa propre vision. Certains ont besoin de changement pour avancer. Pour moi, la première condition pour être performant est d’être bien dans ma tête. Le cadre de vie, la famille, les amis qui n’appartiennent pas tous au milieu du rugby, tout cela me permet de trouver mon équilibre. Ce qui n’empêche pas de sortir de ma zone de confort sur le plan sportif.

Beaucoup de gamins rêvent de devenir pro, qu’est-ce qui vous a permis de passer du rêve à la réalité ?
D’abord Cédric Jalabert (ndlr : directeur du centre de formation), qui m’a entraîné en Espoirs et m’a fait progresser rugbystiquement et mentalement. Et puis l’esprit du rugby et particulièrement du Castres Olympique, qui dit « ne lâche rien, ne montre jamais que tu es fatigué ». Sur le terrain comme à l’entrainement, tout le monde s’y file. On se bat pour les autres.
Ce sont des valeurs de combat, de respect et de travail. Et puis d’humilité aussi, parce que sur le terrain comme dans la vie, on n’est que de passage.

Votre plus grand plaisir sur un terrain ?
Les phases défensives, sur la ligne, quand tu donnes tout pour l’équipe, pour le mec d’à côté, pour ne pas prendre l’essai, quand tout le monde se dit « on va le prendre », et on ne le prend pas. Ces sensations-là sont les meilleures, bien plus que de marquer un essai de 100 mètres.

On dit parfois que les demis de mêlée ont un fort caractère…
On fait la jonction entre les avants et les trois-quarts, c’est un poste de régulateur et de gestion du match. Il faut motiver les  » gros  » de devant, ils sont le moteur, on est le guidon. Il faut être leader, et un peu pénible parfois, ça fait partie du rôle. Dans la vie je suis d’un caractère calme, mais quand on bascule sur le terrain, je dois être plus leader, plus meneur.

Comment se fait le passage entre les générations ?
Il y a des gars que je regardais à la télé il y a quelques années, en rêvant d’avoir un autographe. Aujourd’hui je joue avec eux, c’est un peu étrange. Forcément, tu arrives sur la pointe des pieds. Et ça se passe bien parce qu’au CO personne ne se prend pour une star. Rory, Benji, ce sont des grands joueurs qui sont aussi très cool, qui ont envie d’aider les plus jeunes à apprendre et à progresser.

Que faites-vous quand vous ne jouez pas au rugby ?
Je passe du temps avec ma famille et mes amis, je joue au tennis et au paddle. J’ai essayé le golf mais je ne suis pas assez patient. Et j’aime les balades à vélo, juste avec le bruit du vent…

Quel est votre endroit préféré ?
La Montagne Noire, avec le Pic de Nore et la vue magnifique, le lac des Montagnès où j’aime bien aller courir, le coin d’Aiguefonde pour les balades en forêt et les champignons… Mais en fait, le préféré, c’est le terrain de la Chevalière, où j’allais presque tous les jours faire des passes avec mon père et taper des pénalités. J’y ai presque passé plus de temps qu’à l’école ! J’en ai tapé des coups de pied, sous la pluie, contre le vent, dans toutes les conditions…

En fait vous êtes plus campagne que ville ?
Tout à fait. Tous ces gens stressés dans les grandes villes, bloqués des heures sur le périf, c’est un enfer. Ici, on a des villes à taille humaine, la plage et la montagne pas très loin, on peut prendre la voie verte à vélo jusqu’aux gorges d’Héric… J’aime bien aussi aller à Toulouse, mais pas pour y vivre.

Vous évoquez souvent votre famille, quel regard vos parents portent-ils sur votre parcours ?
Ils sont contents, avec une part de fierté je crois parce que si je suis arrivé là c’est parce qu’ils m’ont éduqué comme ça. Travailler, respecter, partager, ne pas s’arrêter sur ses acquis, toujours se rappeler d’où tu viens. Tout ne nous est pas dû dans la vie. Il y a une part de chance bien sûr, et puis du travail.

Vous pensez à l’après-rugby ?
J’ai une licence de STAPS et d’entraîneur sportif, mais j’ai envie de partir vers autre chose, vers une école d’architectes autour des notions de design intérieur et de home staging, qui permettent de développer une sensibilité artistique.

Loin des terrains ?
Non, pas très loin. Je me vois bien jouer jusqu’à 40 ans dans des petits clubs, même en série, juste pour le plaisir et les moments de convivialité extraordinaires qu’offre le rugby. Bon, peut-être qu’à 40 ans j’aurais mal partout… En attendant je me dis tous les jours que j’ai la chance de vivre le rêve de ma vie.

J’ai la chance de vivre le rêve
de ma vie !